Détour vers les montagnes humides boliviennes
On fait le trajet Sucre - Santa Cruz en bus de nuit, 13h30 pour faire 470 km. La route est extrêmement sinueuse et certaines parties ne sont plus bitumées… On ne dort pas très bien. Arrivés à Santa Cruz au petit matin, on vient de perdre plus de 2000 mètres d’altitude. Nous sommes à 400 m et le climat a radicalement changé. C’est humide ! Et il pleut beaucoup… Durant ces 10 jours en Bolivie, il aura plu 3 fois plus que les 5 premiers mois de voyage !
Cette ville est très grande, et la circulation très dense. Comme partout, dès que le climat est chaud et humide, on a plus l’impression de pauvreté. Les vendeurs de rue sont plus nombreux et vendent tout ce qui existe au monde. Les rues sont sales, les déchets semblent mal traités. Des sacs poubelle éventrés envahissent les routes et trottoirs et tapissent l’ensemble de détritus.
On constate également en Bolivie la différence de la notion de politesse. Sans cesse, on nous passe devant lorsqu’on attend quelque part, on ne nous laisse pas passer dans les allées étroites… Le pire c’est sur la route. Le piéton est inexistant pour les automobilistes. À chaque fois que l’on traverse une route, on se dépêche pour ne pas se faire renverser. Sans parler des coups de klaxon, une norme ici. Aux carrefours, il n’existe aucune règle de priorité. C’est le plus courageux ou le plus fou qui l’emporte, enfin c’est surtout le plus gros véhicule. Ainsi les transports publics s’imposent dans la plupart des cas, ces bus sont de vraies bombes. Le trou dans le pot d'échappement n’est pas une option non plus.
Le bruit de la circulation est si fort qu’on ne s’entend pas parler dans la rue. Les bus vétustes laissent derrière eux des traînées de fumée noire d’échappement, à faire pâlir les climatosceptiques américains…
La place centrale de Santa Cruz, ambiance tropicale
Dans le bus, tour de cou, on est prêt pour la nuit !
Notre presseur de jus d'orange préféré à Santa Cruz
Je n'ai pas résisté à l'offre spéciale pour une coupe homme, quelle application !
Mais on ne peut pas attendre moins d'un coiffeur du continent des coupes de cheveux improbables et irréprochables des footballeurs !
On en a assez des grandes villes et finalement, on se rend à Samaipata dès le lendemain, pour 4 jours de calme. Depuis que nous sommes en Bolivie, on a un peu changé de rythme. On prend plus notre temps pour se reposer, les 5 premiers mois ont été intenses et on ressent un peu de fatigue. De plus que, dans peu de temps Florian, notre ami, nous rejoindra pour 3 semaines qui seront très chargées, on l’imagine.
Samaipata est un petit village situé à proximité du parc national Amboro, dans lequel on souhaite faire une excursion. On trouve également un bel endroit pour loger, on restera le double du temps que prévu au départ...
Rue à Samaipata
Une cholita et ses petits 😊
En attendant de retrouver les hauteurs de l'altiplano, on doit se protéger des moustiques, on est content d'avoir une moustiquaire chacun dans notre sac à dos !
On prend nos petits déjeuners au marché et on observe comment cet environnement (qui semble être exclusif aux femmes) vit.
C’est avec un groupe de 8 personnes qu’on a fait une randonnée d’une journée à proximité du parc national. Le site s’appelle “Vulcano”, non pas par la présence de volcans mais par la forme des montagnes. Une guide nous accompagnera, sans elle, impossible de trouver ce sentier. On choisira le chemin retour par la rivière, à son plus grand désarroi, cela implique de traverser 9 fois le cours d’eau… Mais c’est drôle, cela ajoute un peu de fun à cette randonnée qui était un peu banale. On s’y baigne même à un endroit. Au fond de la vallée, on croise un homme armé d'une machette et d’un fusil. Il est à la recherche d’un jaguar dans les environs, une de ses vaches viendrait de se faire tuer… On ne verra pas de jaguar, mauvaise ou bonne nouvelle…
Les montagnes qui ont donné le nom de "Volcan" au site.
On se partage le sentier évidemment
Casse-croûte sandwichs sud-américains, œufs, tomates, avocats.
Et c'est parti pour les traversées de rivière.
Le courant peut être fort parfois, certains chuteront, malheureusement la difficulté de ces passages nous empêcheront de les prendre en photo !
Nos chaussures ont bien pris la boue
Samaipata est aussi à proximité d’un site inca, enfin d’un tas de vestiges. Comme sur ce genre de site qu’on a déjà pu voir, il ne s’agit que de vieilles pierres révélant des anciens murs de maisons ou de soutènement. Rien de très impressionnant. Notre guide en revanche est très unique. Il a plus de 70 ans et a participé à la découverte des vestiges. Il a travaillé toute sa vie avec son père pour découvrir et aménager le site pour les visiteurs. Il nous a montré plusieurs photos de lui datant de presque 50 ans. On y voit les pierres enterrées dont la terre autour a aujourd'hui été excavée. Ce qui nous a marqué, c’est l’érosion de la pierre, certaines gravures rupestres ont complètement disparues. C’est le cas aussi d’escaliers, en 30 ans, on ne distingue plus aucune marche. Ce qui rend fou notre guide, par manque de moyen, le gouvernement ne protège et ne pérennise pas le site. Difficile de critiquer cela quand on voit que la Bolivie investit largement dans d’autres secteurs telle que la construction de routes par exemple… Il y a ici quelques besoins un peu plus fondamentaux.
Arrivée sur le site en 4x4 insolite, il pleut un peu.
Notre guide Danelio Montenegro, sacré look.
La croix sur son béret nous a fait penser au Che Guevara, on lui demandera si elle a une signification pour lui, il nous dit que non mais est-ce que c'est vrai ?
Le Che fut tué dans le coin de Santa Cruz, à deux pas d'ici, alors qu'il tentait de soulever une révolution en Amérique du Sud en partant de la Bolivie.
La pièce maîtresse du site, lieu de cérémonie.
Et les restes des murs des maisons.
Nous voulions ensuite nous diriger vers la ville de Cochabamba, un peu plus haut pour visiter le parc national de Torotoro. Mais nous abandonnons l’idée au dernier moment pensant qu’il serait plus prudent de nous rapprocher de La Paz rapidement pour ne pas louper Florian. Les transports sont assez longs et nous réservent parfois des surprises. On a repéré un petit village perché proche de La Paz, Coroico. On se lance alors dans un périple interminable :
Minivan Samaipata - Santa Cruz : 3h
Bus dans la ville pour rejoindre la gare : 20 min
Car Santa Cruz - La Paz : 20h
Bus dans la ville pour rejoindre la gare : 20 min
Minivan La Paz - Coroico : 2h30
On est donc parti à 9h du matin et on arrive le lendemain à 14h. On a dormi dans le car, un couchette très confortable dans lequel on était tout devant à l’étage, super vue sur la route et les paysages. Le dernier minivan doit passer par un col, "la cumbre", à 4650 m d’altitude. Autrefois, il fallait emprunter la “Ruta del muerte” - Route de la mort pour traverser les montagnes. Route extrêmement dangereuse, 250 personnes y perdaient la vie chaque année. Aujourd'hui la route de la mort existe encore, il est proposé des sorties VTT dessus… c’est du genre hyper sinueuse avec un précipice de 1000 m sur le côté… Euh non merci, j’attendrai mon retour à Gérardmer pour faire du VTT sur les douces et sympathiques pentes de nos Vosges. Sur la nouvelle route qu’on a emprunté, le chauffeur a à plusieurs reprises fait le signe de croix, et jeté des feuilles de coca par la fenêtre. Il s’agit en fait d’offrandes faites à la Pachamama, déesse de la terre mère, pour s'assurer de ses bons augures pour passer la route de la mort.
Ceci dit, si tous les chauffeurs conduisaient comme celui avec qui on a fait la route aller, ça ne m'étonne pas que la moitié se foutaient au fossé. Ralala, j'ai un peu sué sur le trajet...
Ceci dit, si tous les chauffeurs conduisaient comme celui avec qui on a fait la route aller, ça ne m'étonne pas que la moitié se foutaient au fossé. Ralala, j'ai un peu sué sur le trajet...
Voilà à quoi ressemble une gare routière.
Et notre super car pour les 20 prochaines heures
On est tout devant et profitons de la route.
Dans les minivans, on n'est pas tous égaux...
On reste donc 3 jours à Coroico. Les journées ne sont pas très chargées, on en profite pour nous balader, essayer les restaurants locaux de la ville et s’imprégner de la culture bolivienne, flâner sur la terrasse de notre hôtel un peu miteux mais à la vue splendide. Il pleut encore souvent.
La photo n'est pas top, mais la vallée est vraiment grande et on distingue un peu la route en zigzag.
Le village de Coroico
La vue de notre hôtel
Mais on s'est fait une pote !
Cette douche grimpe sur le podium des pires du voyage. Les fils électriques c'est pour avoir de l'eau chaude... pas très rassuré par les connecteurs dénudés juste au dessus du pommeau...
Le cimetière de la ville
Les déchets ne semblent pas être tous traités.
Au marché
On se fait bouffer !
Fête du village, l'occasion pour les cholitas de faire valser leurs grandes jupes multicolores.
Petite consolation culinaire, un bonne fondue à la française, avec ma foi, du très bon fromage argentin !
Guillaume
Eh ben , nous , il fait un super soleil et 20°C , tra la la lale REU !
RépondreSupprimerPas toujours pour les memes le soleil et la belle vie, un peu de pain sec et de l eau ne peut pas vous faire de mal !
Vous allez qnd meme pas nous faire baver 9 mois d affilee ! çà va vous faire du bien , un peu de fraicheur , on vous sentait un peu molaçons ces derniers temps….Mais vous etes toujours aussi doues pour la narration de vos périples et c est toujours avec plaisirs qu on partage vos aventures."on est dedans" comme ils disent ici !
Merci pour la ptite note sur le Che , un de mes Grands Hommes preferes, et pas qu uniquement un reste de ma periode "baba cool"...Vous ne vous etes pas mis à la coca qnd meme !?!
allez , reposez vous un peu , Charlene a la mine un peu deconfite et les prochaines semaines vont etre chargees.Faites le plein d energie , la nourriture Sud Americaine est riche pour çà , c est les bigourdinesTipiack qui le disent.Alors …
bisous JPD
Votre article m'a fait bien rire ! :) Entre le Jaguar et le signe de croix du chauffeur de bus, j'ai aussi eu des frayeurs en vous lisant !
RépondreSupprimerMerci pour ce beau reportage, qui est fait en toute sincérité. On ressent bien ce que vous ressentez, le bon comme le moins bon..
Il semblerait que les grandes villes connaissent parfois les mêmes désagréments malheureusement..
Vous avez raison de vous reposer un peu en tout cas, parce qu'avec Florian ça risque de ne pas être de tout repos !! :p
Gros bisous, portez vous bien <3
PS: j'ai envie d'une fondue maintenant.. je pars chez Marcillat ! ^^'
Quel bonheur de vous suivre dans toutes vos péripéties …
RépondreSupprimerUne belle bulle d'évasion dans notre routine du quotidien !
En fait, vous semblez avoir plutôt froid alors que nous le printemps arrive en force et en beauté …
surtout à Gérardmer, évidemment avec les jonquilles et tout et tout et tout !!!
Au plaisir de vous lire très bientôt
Prenez bien soin de vous
Gros bisous